Through The Glass
Quod fundens pluvia in speculo
« Nous épions des bruits dans ces vides funèbres ; Nous écoutons le souffle, errant dans les ténèbres, Dont frissonne l’obscurité ; Et, par moments, perdus dans les nuits insondables, Nous voyons s’éclairer de lueurs formidables La vitre de l’éternité. » – Victor Hugo Le paysage qui défile en mouvement par la fenêtre d’une voiture ou d’un train est une sorte de travelling, de mouvement latéral horizontal. Les éléments perçus traversés par la vitesse restent fragmentaires, en une succession de vues, plus ou moins floues, saisies au vol, tel un instantané ; cette expérience visuelle crée une sorte de tableau abstrait, la surface de la vitre devient toile. Et quand les paysages et lumières extérieures déformés sont vus à travers des vitres embuées par des gouttes de pluie ruisselantes, après un orage, l’abstraction devient encore plus palpable. Ce sont ces « arrêts sur image » qui constituent ces différentes séries de photographies. Daniel Nikolic « traverse » un paysage réel, quel qu’il soit, avec ses yeux, ses pensées et ses sens. L’imagination prend son envol. Il s’éloigne du monde, renfermé de plus en plus dans ses rêves, ses visions, ses fantasmes : le spectacle animé propose souvent une surface de projection de l’intime, de la mémoire, du souvenir. Et une vive impression de solitude et de fuite du temps qui passe s’installe inexorablement.